L'HISTOIRE DE LA PRINCESSE CACHEE SOUS LA PEAU D'UN ANE – PAR NASCANA
D’après le conte « Peau d’âne » de Charles Perrault
Il était une fois dans un lointain royaume, un roi et une reine qui avait pour enfant, une unique fille. Celle-ci était d'une grande beauté. Toute personne qui venait à la voir, en était troublée. Malheureusement, il existait une ombre qui venait ternir ce tableau parfait.
En effet, depuis plusieurs déjà, la reine rechignait à quitter sa chambre. Seule et cachée, elle se lamentait sur sa beauté mourante. Souvent, elle maudissait le temps qui marquait à jamais sa chair.
A chaque fois, que son regard se posait sur sa fille, cela lui faisait l'effet d'un coup de poignard en plein coeur.
Si seulement, je pouvais avoir un soupçon de sa beauté. Je redeviendrais alors telle que j'étais précédemment, et puis elle était tellement magnifique que cela ne changerait pas grand-chose, pensait-elle.
Ensuite, elle regrettait d'avoir de tels souhaits, et s'isolait dans le silence.
Marraine la bonne fée inquiétée vint lui rendre visite. Elle lui demande quelle pouvait être la cause de son trouble. Au début, la reine ne voulut rien dire, ayant trop honte. Mais Marraine la bonne fée réussit à la rassurer.
En larme, la reine avoua alors ce qui la rongeait. Vieillissante, elle sentait son mari s'éloigner d'elle et ne pouvait supporter cette idée. Elle préférait même mourir plutôt que de devoir affronter cette situation.
Bien que rechignant, Marraine la bonne fée finit par lui dire qu'elle connaissait une solution. Il existait une potion qui permettait de réveiller les amours assoupis. En la donnant au roi, il retomberait instantanément amoureux d'elle. Malheureusement, il existait un inconvénient.
La reine enthousiaste n'écouta pas la suite. Qu'importe le prix, elle était prête à tout pour retrouver l'amour de son époux. Marraine la bonne fée accepta à contrecœur de lui procurer ce liquide miraculeux.
***
Lorsque Marraine la bonne fée revint avec son précieux chargement, la reine l'attendait avec impatience. Elle la pressa de leur remettre la fiole contenant la précieuse potion.
Une fois qu'elle l'eut en main, elle voulut tout de suite s'en servir.
A nouveau, Marraine la bonne fée lui rappela que le roi, une fois le contenu ingéré, tomberait amoureux de la première personne qu'il verrait pour laquelle il éprouvait des sentiments.
Sûre d'elle, la reine invita son époux à la rejoindre et rempli deux coupes de vin. Dans l'une d'elles, elle versa la potion.
Lorsque le roi arriva, elle se présenta à lui sous son meilleur jour et lui offrit la boisson. Surpris par cet élan d'attention dont il avait perdu l'habitude, il l'accepta. Alors qu'il buvait, la porte s'ouvrit révélant la princesse. Ayant terminé sa coupe, il tourna vers elle, un regard empli de passion.
La reine comprenant alors qu'elle venait de tout perdre, ne le supporta pas. Aussitôt et sous les yeux ébahis des membres de sa famille, elle se jeta du haut de sa fenêtre. Ils eurent beau courir pour la rejoindre, il n'y avait plus rien à faire. La reine n'était plus, préférant sacrifier sa vie plutôt que de devoir affronter les conséquences de ses actes.
Au même instant, le roi fut soulagé. Enfin débarrassé d'une épouse vieillissante, il allait, à présent, pouvoir se marier avec la plus magnifique femme que la terre est portée.
***
Lorsque le roi proposa à sa fille de devenir son épouse, celle-ci fut surprise par la proposition. D'abord, elle refusa mais son père se montra insistant. Désireuse de voir ce qu'il serait capable de faire pour elle, la jeune femme lui dire qu'elle accepterait à la seule condition qu'il lui fasse parvenir une robe aux couleurs du temps.
Le roi s'en alla et réunit alors les meilleurs couturiers du royaume. Il leur commanda la plus magnifique des robes, tout en ne leur laissant qu'une petite semaine pour finir ce travail. Malgré les plaintes, le souverain se montra intransigeant. Bon gré, mal gré, les artisans se mirent à l'ouvrage.
Trois jours plus tard, le père de la princesse arriva dans ses appartements et lui fit découvrir son présent. La rose d'un bleu azur évoquait la couleur du ciel sans nuages lors des chaudes journées d'été. Pour parfaire le tout, on retrouvait du taffetas blanc sur les manches, rappelant des nuages.
Lorsque le roi lui demanda ce qu'elle en pensait la princesse ne put que dire qu'elle était très belle mais que le soleil brillant en ce jour la surpassait en tout point. Tournant les talons, le seigneur s'en alla retrouver les couturiers, qui s'étaient vu refuser le droit de rentrer chez eux, et ce, malgré leur épuisant labeur.
Une robe plus éblouissante que le soleil lui-même, fut la demande que formula le souverain. A nouveau les travailleurs se remirent à l'oeuvre avec néanmoins moins d'ardeur que précédemment.
Pendant quelque temps la princesse eut espoir d'avoir repoussé les avances de son père. Une chose qui la soulageait. De plus, elle avait obtenu une magnifique robe. Depuis qu'elle l'avait porté, elle avait la certitude qu'aucune autre ne pourrait être plus belle et ne pourrait la mettre autant en valeur.
A nouveau, la venue de son père la décontenança. Il avait apporté une tenue qui la laissa sans voix. Le jupon jaune d'or, était recouvert par une étoffe dorée. La taille s'ornait de perle de couleur or qui formait un entrelacs remontant jusqu'au décolleté où pendait une topaze.
Sûr de son effet, devant le regard ébahi de sa fille, le roi proposa que l'on annonce leur mariage au peuple. Mais la princesse refusa. Posant sa main devant le tissu, elle se plaint que la couleur n'allait pas avec son teint de porcelaine. Il lui aurait mieux fallu une robe couleur de lune.
Son père la rassura, il ferait son possible pour lui obtenir un tel vêtement.
Les couturiers durent se remettre au travail aussitôt alors même qu'ils n'avaient plus connu de repos depuis que le souverain était venu les débaucher. Heureusement, les matières premières vinrent à manquer. Chose qui pourtant n'arrêta pas le roi, qui en fit venir de nouvelles, acheté à prix d'or. Peu lui importait de dépenser de l'argent qui pourrait être utile au royaume puisque son amour était plus fort que tout, c'était la seule chose qui lui tenait à coeur.
La princesse quant à elle, fixait avec bonheur ses très chères robes. Même si elle savait qu'elle ne pourrait plus berner son père longtemps, elle s'avouait ravie de ses présents.
***
Quelques jours plus tard, son père revint avec la fameuse tenue : une robe bleu nuit avec décoré de volants argentés. Des pierres précieuses avaient été cousues avec soin sur le rebord du décolleté, accrochant au passage la lumière. La ceinture d'un blanc crémeux semblait elle aussi scintiller, rappelant l'éclat des étoiles dans le ciel.
Une fois encore la princesse fit ravie du résultat. Elle demanda alors au roi, en ultime gage de son amour, de faire tuer le petit âne qui chaque matin lui offrait des pièces d'or. La jeune femme voulait savoir si elle comptait plus dans le coeur de son père, que l'animal qui lui offrait sa fortune. Au début, le souverain surprit par la requête, hésita.
Mais pour sa belle, il fit mettre à mort la pauvre bête et lui apporta avec un sourire, sa peau. Voyant combien son contrôle sur le roi était puissant, la princesse accepta enfin le mariage.
Restée seule après le départ de son père, qui s'empressait d'aller annoncer à tous la nouvelle ; la jeune femme fut surprise par l'arrivée de Marraine la bonne fée. Celle-ci était très en colère du comportement que la princesse avait adopté. Pour la punir, elle lui lança une malédiction : la jeune femme, condamné à porter la fourrure de l'âne devrait quitter le royaume. Personne ne la reconnaîtrait et tous la trouveraient laide et repoussante. Elle ne redeviendrait elle-même que si un homme venait à l'aimer malgré ce qu'elle était.
Devant les pleurs de la princesse, Marraine la bonne fée se radoucit et lui permit d'emmener avec elle ses robes. Il lui serait possible d'en porter une mais seulement une fois par cycle lunaire.
La jeune femme eut beau supplier, s'excuser, promettre de changer ; sa Marraine reste inflexible. Elle dut quitter le château la nuit même.
***
Elle marcha pendant plusieurs jours, les larmes qui coulaient sur ses joues finirent par se tarirent. Ses pas la conduisirent dans un petit village. La princesse avait quitté son royaume et gagner celui de son voisin.
Fatiguée, les pieds en sang et, tenaillée par la faim, elle décida de s'arrêter. Mais les gens étaient méfiants, surtout envers une personne repoussante comme elle. Comprenant qu'on ne l'accueillerait pas, elle se mit à proposer ses services.
La tenancière d'une auberge décrépie après l'avoir fixé un petit moment, finit par accepter. Elle lui offrit de loger dans l'étable. Elle serait chargée de nourrir les chevaux et en contrepartie, elle dormirait dans la paille et aurait le droit à deux repas chauds. Ne pouvant espérer mieux, la princesse se vit forcée d'accepter.
La désespoir la gagnait. Cette vie n'était en rien faite pour elle. La seule chose qui la faisait tenir était l'idée de pouvoir porter l'une de ses robes. Elle le faisait le soir lorsque personne ne pouvait la voir. Alors elle redevenait princesse pour l'espace de quelques instants.
***
Un jour un bel attelage vint à passer et s'arrêta devant l'auberge. Tout le monde se réunit éberlué. Celui-ci portait les armoiries de la famille royale du pays. Le prince en sortit. Il visitait son royaume et tenait à rencontrer ses habitants. Aussitôt le personnel de l'auberge se mit à courir préparant la meilleure chambre, le meilleur des repas et recherchant le meilleur des vins pour celui qui viendrait à les gouverner un jour.
Peau d'âne, comme l'on appelait la princesse à présent, fut chargé de s'occuper des chevaux. Mais on lui interdit aussi d'approcher le prince. Il ne fallait pas que celui-ci se trouve importuné par la présence de la souillon.
A contrecœur, elle se plia à la décision. Elle ne pouvait pas vraiment se permettre de faire des caprices dans sa position. Elle se contenta de regarder de loin, le jeune homme vêtu richement. Il n'y avait rien de réellement remarquable chez lui, si ce n'était son sourire. Cela ne fit que rappeler un peu plus son ancienne vie, à la princesse.
La journée passa et lorsque la nuit tomba. Elle attendit que les bruits se calment, et que les paroles se tarissent. Quand le silence régna enfin, la jeune femme enfila sa robe aux couleurs du temps. Ainsi, elle était à nouveau elle-même : une princesse magnifique.
Profitant de la douceur de la nuit, elle fit quelques pas en dehors de l'étable. Le vent lui caressa le visage, la faisant sourire. Personne ne pouvait la voir, malheureusement.
Enfin c'était ce qu'elle croyait, car tous ne dormaient pas. A la fenêtre, quelqu'un contemplait avec stupeur la silhouette qui venait d’apparaître. En voyant le soin apporté à la robe et la richesse des étoffes utilisées, on ne pouvait se tromper : cette personne était sûrement une princesse.
N'y tenant plus, le jeune homme ouvrit la fenêtre et l'appela.
Prise de surprise, la princesse s'enfuit en courant. Regagnant la chaleur de l'étable, elle quitta en vitesse sa robe pour redevenir la femme cachée sous la peau d'un âne. Elle ne devait pas se montrer avec ses tenues, Marraine la bonne fée l'avait prévenue à ce sujet.
Des pas résonnèrent sur les pavés de la cour. Le prince passa la tête dans le bâtiment. La jeune femme s'enfonça alors dans la paille comme pour disparaître. Elle craignait qu'il ne lui arrive malheurs à cause de la malédiction.
Le prince lui demanda où était passé la belle jeune femme. Avec difficulté, elle déclara qu'il n'y avait qu'elle en ces lieux. L'homme insista mais elle resta inflexible. Les mots ne pouvaient quitter sa gorge. Elle n'avait pas le droit de révéler son identité, la magie l'en empêchait.
Déçu, le prince finit par renoncer. Mais l'apparition l'avait troublé plus qu'il n'osait l'avouer. Même en quittant le village et sur le chemin du retour, ses pensées allaient vers elle. Cela ne fit d'ailleurs qu'empirer.
Au fur et à mesure, il dépérissait. Rien ne pouvait le sortir de cet état. Il ne mangeait presque plus, ne riait plus, dormait avec difficulté. Devant son état général, sa mère s'inquiéta et chercha à comprendre ce qui arrivait à son enfant. Son fils ne dit rien, ne voulant pas parler de la magnifique apparition. Mais devant l'insistance de la reine, il finit par avouer ce qu'il avait sur le coeur.
Celle-ci lui promit alors de faire son possible pour qu'il puisse la retrouver. Elle décida de se rendre sur place et convoqua alors toutes les femmes de ce village dans l'espoir de trouver celle qui avait volé le coeur de son enfant. Elle désirait pouvoir au moins en savoir plus sur cette femme.
***
Quelle ne fut pas la surprise de la princesse lorsqu'on lui annonça la convocation. La tenancière grogna que toutes les femmes étaient invitées à s'y rendre mais elle-même ne comprenait pas l'intérêt de faire venir Peau d'âne.
Suivant les autres, elles se massèrent devant les sièges confortables visant à accueillir la reine et son fils. Lorsqu'ils arrivèrent le silence se fit et tous les yeux se tournèrent vers le jeune homme. Celui-ci parcourut les rangs du regard, cherchant l'apparition mystérieuse. Aucune des femmes présentes ne correspondait.
Toutes passèrent devant lui, et il se contenta de secouer la tête. Elles n'avaient rien de comparable avec celle qui l'avait ensorcelé. On les autorisa donc à retourner vaquer à leurs activités.
Le prince se renferma sur lui-même. Sa mère l'interrogea, lui promettant qu'ils n'abandonneraient pas. Alors il lui parla de sa rencontre avec la magnifique jeune femme, lui expliquant qu'elle était apparu dans la cour de l'auberge, avant de s'évaporer mystérieusement.
La reine choisit de se rendre sur les lieux, espérant y glaner des informations. En posant des questions à ceux qui vivaient là, elle apprit que seule Peau d'âne vivait dans cet endroit. En se rappelant l'aspect de celle-ci, la mère du prince ne put qu'être rebutée. Ce ne pouvait être elle.
En désespoir de cause, le futur roi demanda que cette servante lui fasse un gâteau. Si elle était la seule à être là, cela caché quelque chose. Rien de ce qu'on put lui dire pour le décourager n'eut l'effet escompté. Il voulait un gâteau de Peau d'âne. Finalement, sa mère céda. Il finirait bien par prendre conscience que toute cela était vain.
Apprenant la nouvelle Peau d'âne accepta mais à la condition de pouvoir le faire seule et sans que personne ne la voit. Malgré l’étrangeté de la demande, tous acceptèrent. Seul le bien-être du prince comptait.
Aussitôt qu'on l'eut laissait, la princesse se mit au travail et passa sa robe aux couleurs du soleil. Rayonnant, elle commença la confection du mets en chantant. Elle était tellement occupée par sa tâche qu'elle laissa tomber sa bague dans la pâte.
Une fois, le gâteau cuit, elle quitta à regret sa superbe tenue et regagna sa peau d'âne. La tristesse la gagnait une nouvelle fois. Elle apporta tout de même le plat qu'elle avait cuisiné au prince, avant de disparaître. Elle ne voulait pas qu'il la voie ainsi.
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Le prince se hâta de goûter le gâteau, y cherchant une saveur inconnue. Une preuve que Peau d'âne était celle qu'il avait aperçue. Malheureusement, à son plus grand désarroi, le met n'avait rien de spécial. Il allait renoncer lorsqu'il sentit quelque chose de solide, craquait sous sa dent.
Une bague lui tomba dans la main lorsqu'il ouvrit la bouche. C'était une petite bague qui brillait d'une lueur dorée. Il n'en avait jamais vu de pareil. Mais pour lui, une chose était sûre, elle ne pouvait appartenir qu'à la magnifique apparition.
Ne pouvant garder pour lui, ce don qui lui avait été fait. Il courut montrer à sa mère le bijou. Lui disant qu'il n'épouserait que celle qui serait capable de le porter. Connaissant la ténacité de son fils, elle se résigna et fit savoir dans tout le royaume que celle qui pourrait passer cette bague a son doigt, épouserait son fils.
Beaucoup se pressèrent mais aucune ne pouvait porter le bijou, tant il était fin. Le prince demanda alors à ce que Peau d'âne soit amenée devant lui. Malgré l'étrangeté de la requête, on la mena jusqu'à lui.
Le futur souverain lui demanda sa main et devant tous, il fit glisser l'anneau à son doigt.
La princesse retira sa peau d'âne et apparut dans sa robe aux couleurs de lune. Tous furent subjugués par sa beauté et le prince la demanda en mariage. Ce qu'elle accepta.
La malédiction n'était plus, et tous se réjouirent que le prince est put trouver une si ravissante épouse.
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La princesse apprit ensuite que son père s'était remarié avec Marraine la bonne fée. Ils n'eurent pas d'enfants et la princesse hérita du royaume. Elle poussa son mari à partir à la conquête de nouveaux territoires. Ainsi elle étendit son influence et ses richesses, et put passer commande de nouvelles robes plus sublimes encore que les précédentes.