Lecture d'un chapitre
2 « Cendrillon & Hansel et Gretel »
3 « La Sorcière Charmante »
Publié par Sizel, le samedi 17 mai 2014

Ça y est, elle y est. Non pas qu’elle ait attendu cet instant tout sa vie ; en fait ce serait même le contraire. Elle soupire en sachant qu’elle ne pourra pas y couper : aussi ennuyeuses que peuvent être les traditions, elles permettent d’assurer la protection et la cohésion de la communauté. C’est pourquoi, malgré sa nature asociale, Héloïse a décidé de faire l’effort nécessaire au bon déroulement de la soirée. A son bras, Aymeric lui jette une œillade compatissante : il sait combien ce genre de mondanité irrite sa fille.

La voix grave et apaisante de son père se fait entendre dans un murmure. « C’est un grand soir, j’espère que tu trouveras ton Dimidiam. » Bien que le bal soit organisé pour qu’Héloïse trouve son sorcier partenaire, elle n’est pas sûre d’avoir le même objectif que son père.

Depuis la nuit des temps, les sorciers fonctionnent en duo et la recherche de leur moitié est un souci majeur dans leur vie. Même s’ils ont tous une réserve de magie et la possibilité de s’en servir seul, les résultats sont bien meilleurs lorsqu’un sorcier fournit l’énergie et qu’un deuxième la façonne. Bien évidemment, plus les Dimidiams sont compatibles et plus les résultats sont exceptionnels. C’est pourquoi une fois que l’Assemblée des Sages a décrété qu’un sorcier a atteint l’âge de la stabilité, la recherche d’un Dimidiam devient une priorité. Certes, il existe des sorciers Solitaires et certains ont fait de grandes choses, mais ce sont en général des personnes qui ont perdu leur moitié.

Malgré ses recherches, Héloïse ne sait pas à quoi s’attendre et comment elle va trouver son Dimidiam. Il n’y a pas de règles, pas de procédures, chaque cas est unique. D’après sa mère, on le ressent juste du fond de son âme quand on fait face à la bonne personne mais ça la laisse sceptique. En réalité, même si elle ne l’a jamais évoqué à haute voix de peur de blesser ses parents, l’idée d’être une Solitaire ne lui déplaît nullement.

Elle regarde la trentaine d’invités qui attendent avec impatience qu’elle se joigne à la foule. Il y a beaucoup d’amis d’enfance et quelques inconnus un peu plus âgés qu’elle. En générale, un sorcier trouve son Dimidiam dans les cinq années qui suivent sa stabilisation et dans un quart des cas, durant le bal organisé à cette occasion rassemblant les autres stabilisés encore solitaires.

Pendant qu’ils entament la descente, son père l’encourage du bout des lèvres.

« Allez trésor, juste pour une soirée.

— j’ai beau les regarder, il ne se passe rien.

—Tu es un peu loin, Héloïse… Et parfois, le contact physique est nécessaire pour reconnaître son Dimidiam.

— Je vais être obligée de toucher tout le monde ?!?

— Je ne sais pas, c’est différent pour chaque sorcier. Tout ce que je peux te conseiller c’est de faire comme tu le sens… Mais, s’il te plait, ne cède pas à tes émotions parce que quelqu’un tente d’entrer physiquement en contact avec toi. » Elle grommelle. Il est sérieux et son conseil n’est pas superflu la connaissant. Sa magie a toujours été puissante et elle a souvent constaté des effets bien plus importants que ce qu’elle désirait initialement. L’Assemblée des Sages a d’ailleurs confirmé ses doutes ainsi que ceux de sa famille en la qualifiant de sorcière possédant une magie d’un niveau supérieur. Cela explique également pourquoi il y a tant de monde à cette soirée, certains sorciers des communautés voisines n’ont pas hésité à faire le déplacement pour tenter leur chance auprès d’elle.

Une fois en bas, son père et elle s’élancent pour la première danse. Si le Dimidiam se révèle parfois grâce au contact, elle comprend un peu mieux pourquoi la valse est imposée dans le protocole. Heureusement, elle n’est pas particulièrement mauvaise et même si elle ne s’amuse pas, ça a le mérite de passer relativement vite. Une fois la chanson finie son père s’éloigne, laissant Héloïse se faire assaillir par une armée de prétendants. Elle jette un regard suppliant à son père qui se contente de lui offrir un sourire coupable en rejoignant sa femme.

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Héloïse a enfin réussi à s’éloigner pour se retrouver seule quelques minutes. Elle prend appui sur le balcon en soupirant. L’air frais lui fait du bien. La jeune femme n’a eu aucun… coup de foudre magique. Par contre, elle a eu plusieurs fois envie d’étriper son interlocuteur et plus particulièrement ceux qui se montraient trop sûrs d’eux ou trop cavaliers. Si ça continue, elle va finir par perdre le contrôle et ça mettrait fin à la cérémonie. Elle essaie d’analyser à quel degré de colère cela plongerait sa mère tout en se demandant sérieusement si ce serait acceptable.

— Héloïse ! » La jeune sorcière se tourne avec un sourire crispé. Elle fait face à Romain, un jeune homme de deux ans son aîné à la carrure athlétique. Il semble avoir une idée derrière la tête et par avance, elle sait que ça ne lui plairait pas.

— Oui ?

— Faisons équipe.

— Ecoute, je ne ressens…

— On s’en fiche. On est tous les deux des sorciers supérieurs, plus puissants que la moyenne. Franchement tu y crois à leur truc ? On sait tous qu’il n’est pas rare que les Dimidiams n’aient pas senti l’osmose. » C’est vrai. Même si les couples en question ne l’avoueront jamais. De telles choses peuvent se produire lorsque deux sorciers éprouvent des sentiments amoureux ou très profonds et ne souhaitent pas s’ouvrir à d’autres ou bien parce que ça fait longtemps qu’ils cherchent leur Dimidiam et qu’ils n’ont plus l’espoir de trouver le vrai. Pour sa part, Héloïse préfère rester seule que mal accompagnée et elle n’a aucun mal à renoncer à sa proposition.

— Je ne suis pas encore désespérée. Désolée. » Elle tente de retourner dans la salle de bal tourner court à la discussion mais Romain l’en empêche en l’agrippant par le bras. Héloïse lui fait face, une lueur menaçante dans les yeux. « Lâche-moi. »

— Ecoute… » Il continue de parler mais elle ne l’écoute plus. Quelque chose… Une odeur… attire son attention. Elle se dégage d’un geste brusque pour s’engouffrer à l’intérieur. Le fragrance n’est pas très forte mais délicate et complexe, enivrante. La jeune fille est irrémédiablement attirée par elle. Héloïse court autant que la foule le lui permet sans prendre la peine de s’excuser lorsqu’elle bouscule quelqu’un. Elle distingue un dos presque malingre, celui d’un adolescent aux cheveux foncés : c’est lui qu’elle cherche. Une explosion retentit au moment où sa main s’apprête à le toucher pour attirer son attention. Bousculée par les invités, elle crée une boule de protection pour se protéger. Elle sautille sur place pour tenter de repérer l’inconnu mais elle n’arrive pas à le distinguer parmi les autres. Elle aimerait l’appeler mais elle ne sait pas comment attirer son attention. Toi ou le garçon brun ont peu de chance de donner le moindre résultat. N’ayant d’autre solution, elle lance des appels qui restent malheureusement sans réponse.

Elle doit pourtant le retrouver. L’idée l’obnubile d’une façon qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Elle se demande si c’est à ça que faisaient référence ses parents. Une attirance viscérale que rien ne peut expliquer.

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Son état d’énervement atteint un niveau qu’elle a rarement ressenti au cours de ses dix-sept ans d’existence.

Une fois le calme revenu après l’explosion, elle l’a cherché, elle a interrogé tous ceux qu’elle a croisés mais personne n’a été capable d’identifier l’inconnu. Il vaut mieux pour Romain qu’il ne se présente pas face à elle : c’est à cause de sa perte de contrôle qu’elle en est là. Ce demeuré n’a pas supporté qu’elle le rejette et a laissé sa magie lui échapper.

Surpris de voir leur fille agir avec tant de passion, ses parents se plient en quatre pour l’aider. Son père étudie les empreintes magiques laissées sur le pentacle de l’entrée et compare les silhouettes qu’il arrive à créer à celle donnée par Héloïse. Vu le nombre de personnes présentes, ça va prendre plusieurs heures, voire jours avant d’obtenir quelque chose d’utile.

De son côté, sa mère l’aide à éplucher la bibliothèque de fond en comble à la recherche d’un sort qui pourrait les aider. Elle qui tient méticuleusement la pièce en ordre en temps normail, l’aide exceptionnellement à la mettre sens dessus-dessous. Rose pousse un cri digne d’une adolescente et Héloïse se précipite vers elle avec espoir. Sur son passage, elle épargne autant que possible les parchemins et les grimoires qui jonchent le sol.

— Regarde, c’est un sort pour retrouver un être perdu. Ça n’a pas une grande portée mais les sorciers habitent en grande majorité dans la rue donc ça devrait aller…. J’espère juste que ce n’était pas quelqu’un d’extérieur à la ville…

— Maman… Je … On connait les sorciers qui vivent en ville, s’il en faisait partie, on l’aurait reconnu…

— Ne soit pas défaitiste. Viens le lire, pour le moment c’est ce qu’on a de mieux alors on se bouge ! » Héloïse soupire en se penchant à son tour sur le grimoire. Elle lit la formule d’abord à voix basse puis en faisant appel à sa magie. Une puissante lueur blanche apparaît dans sa main avant d’être aspirée par sa paume. A la place, une boussole dont l’aiguille s’agite apparaît. « Parfait, il faut se dépêcher, même avec ta puissance ça ne durera pas plus d’une demi-heure. » Héloïse se presse vers la porte d’entrée, prête à saisir sa chance. Rose la suit en agrippant le grimoire sous son bras en cas de besoin.

Une fois sur le trottoir, la jeune fille dirige sa main à la recherche de la bonne direction à suivre. Si la boussole a pris forme, c’est qu’il n’est pas trop loin. Elle s’élance vers la droite en surveillant l’aiguille qui continue d’indiquer le Nord-Est. Sa mère qui la suit de près, lui fait éviter in extremis les obstacles qu’elle ne voit pas, hypnotisée par la boussole. Cette dernière finit par pointer une bâtisse plus imposante que les autres. La maison de Romain. Malgré ses doutes, elle s’engouffre sans cérémonie à l’intérieur en bousculant l’employé de maison. La boussole disparaît alors qu’elle arrive dans une petite cour intérieure pavée où se trouve un vieil olivier.

De frustration, Héloïse tape du pied par terre. Lorsque sa mère arrive en tenant le grimoire ouvert à sa disposition, elle reprend espoir. Malheureusement, la jeune femme a beau lancer le sort encore et encore, ça ne fonctionne plus sans qu’elle arrive à en comprendre la raison. De désespoir, elle hume l’air à la recherche de l’odeur mais rien de notable n’arrive à ses narines.

L’employé bousculé à l’entrée prend la parole sur un ton cérémonieux. « Madame Filios, Monsieur Dregis n’est pas là… Je ne veux pas me montrer irrespectueux mais…

Rose le rassure en lui offrant un sourire d’excuse. « Veuillez pardonner notre intrusion brutale. Nous quittons les lieux. » Héloïse n’en a pas envie mais sa mère ne lui laisse pas le choix, l’entraînant à l’extérieur. Dépitée, elle se laisse guidée par Rose qui essaye de la réconforter. La jeune fille connait les sorciers qui vivent chez Romain, sa famille organise suffisamment de soirées pour que nul n’ignore qui ils sont et combien ils sont riches mais elle a beau y réfléchir, personne ne correspond à la silhouette malingre qu’elle a vu. Le petit frère de Romain est blond et elle ne se souvient pas avoir vu d’autres adolescents du même âge.

Aymeric les accueille sur le pas de la porte avec un air interrogateur.

Une fois à porter de voix, il ouvre la bouche, prêt à prendre la parole mais Rose le coupe avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, espérant sûrement épargner sa fille. « Ça n’a rien donné. » Être interrompu agace son père et cela surprend Héloïse. Aymeric Filios est généralement d’humeur joyeuse et élève très peu la voix.

— Je m’en doute bien vu vos têtes. J’ai passé la journée à étudier les données du Pentagone d’entrée. Il m’a fallu du temps pour associer toutes les empruntes magiques à leur propriétaire et il y en a cinq inconnus, je pense qu’Il en fait partie.»

Rose fronce les sourcils pendant que le regard d’Héloïse passe de l’un à l’autre avec espoir. « Tu as réussi à recréer leur image magique?

— Évidement, mais le pentagone a été trop sollicité hier et les empruntes datent un peu, je ne peux…

— Aymeric, va droit au but, tu as quelque chose ou pas ?

— J’ai réussi à recréer des silhouettes à partir des empruntes. L’une d’elle peut correspondre à ce qu’a décrit Héloïse. » Il dévisage sa fille avec un air encourageant. « Je crois qu’on devrait tenter. » La jeune femme se contente de hocher la tête, incapable de dire si elle y croit ou non. Son père n’attendait que ce signal. Il brûle du papier d’Arménie sur lequel d’étranges symboles ont été inscrits. Il le dépose sur le sol et place ses mains de chaque côté de la fumée en lançant une incantation. Cette dernière prend la forme d’un oiseau blanc, une colombe.

Elle s’envole par la fenêtre ouverte et Héloïse le suit sans prendre la peine de vérifier que son père ou sa mère soit sur ses talons. De nouveau, elle est conduite dans la maison de Romain et de nouveau, le sort disparaît dans la cour intérieure. Ça lui confirme qu’il se trouve bien là mais la situation est toujours aussi frustrante. Seul l’olivier lui fait face, témoin silencieux de son espoir déçu.

Monsieur Dregis, le père de Romain, les rejoint légèrement essoufflé. « Rose, Aymeric, voulez-vous bien m’expliquer ce qui se passe ici ? Gustave me dit que ça fait deux fois que vous entrez sans y être invités.

— Héloïse cherche son Dimidiam et ça fait deux fois que la magie nous conduit ici. »

La réponse le calme instantanément. « Les sorts s’annulent brutalement une fois que vous entrez dans cette pièce je suppose ? »

Aymeric est surpris par la réponse du sorcier. « Oui effectivement, comment est-ce possible ?

— L’olivier absorbe la magie environnante, mon arrière-grand-père l’a planté ici pour nous protéger des attaques de sorciers si un conflit venait à se généraliser. Donc Mademoiselle Héloïse cherche son Dimidiam et ça la mène ici ? Je suppose donc que ça doit être un de mes fils. Il n’y a qu’eux qui ne sont pas liés…»

Héloïse le coupe, peu disposée à perdre son temps. « Ce n’est pas Romain.

— Peut-être Arthur ? » Le ton est plein d’espoir. Dans un premier temps, Héloïse doute parce qu’elle connait peu le demi-frère de Romain, plus timide et plus effacé. A bien y réfléchir, peut-être qu’il peut correspondre. Monsieur Dregis saute sur son hésitation. « Allez chercher Arthur ! » Il ne faut que quelques minutes au jeune homme pour les rejoindre. L’adolescent dévisage Héloïse et ses parents avec gêne mais son père ne lui laisse pas le temps d’exprimer ses doutes et interpelle la jeune fille. « Alors ?

— Je ne sais pas, il n’y a pas… l’odeur… »

Monsieur Dregis jette un regard à Aymeric qui semble anxieux. « Ce n’est pas une science exacte mon trésor. Peut-être que ça peut revenir dans quelques temps… Est-ce qu’il lui ressemble ?

— Oui, peut-être… Ça s’est passé si vite. »

Monsieur Dregis ne peut pas passer à côté de la chance qui lui est offerte d’associer son fils à une sorcière à l’avenir si prometteur. « Ça vaut la peine d’essayer ?

Héloïse accepte à contrecœur. « Oui, peut-être. » Elle est dépitée. De son côté, Monsieur Dregis ne semble pas en croire ses oreilles. Il faut dire qu’Héloïse n’est pas connue pour son caractère avenant, et il compte bien profiter de ses bonnes dispositions.

—Arthur, va préparer tes affaires. »

Rose s’approche de sa fille avec un air soucieux. « Ça va aller ?

— Je ne pense pas que ce soit lui mais…

— Tu ne peux pas l’affirmer.

— Non. » Rose se contente de hocher la tête en posant une main réconfortante sur son épaule. Au moment où elles s’apprêtent à passer la porte, l’oiseau de fumée apparaît de nouveau et s’engouffre à l’intérieur. Cela confirmant ses doutes, la jeune fille s’empresse de le suivre. Il disparaît devant l’olivier et elle peste de se retrouver de nouveau dans cette arrière-cour vide.

Avec espoir, elle hume l’air à la recherche de l’odeur. Elle reconnait la fragrance bien que très légère. Eveillant au maximum son odorat, elle tente de la suivre pour trouver son propriétaire. Elle finit par reconnaître une silhouette maigrelette dans un couloir sombre. Il a deux livres dans les bras et la fixe avec curiosité, visiblement surpris de lui faire face.

Elle a beau le détailler, elle ne le reconnait pas. « Qui es-tu ? »

Bien que visiblement déstabilisé, il répond avec franchise. « Erwan Dregis. Je viens d’une communauté extérieure pour suivre ma formation magique chez mon oncle.

— Tu étais au bal, n’est-ce pas ?

— Euh, oui. Je viens juste d’être déclaré stable, ma cérémonie est prévue dans une semaine. »

Elle s’avance vers lui, une main levée et fait son annonce solennelle sans préambule. « Deviens mon Dimidiam.

— C’est très gentil mais j’ai si peu de puissance que je mérite tout juste le titre de sorcier, mademoiselle. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai été envoyé chez mon oncle, il va me faire travailler.» Elle plisse les yeux et prononce une incantation à voix basse. Elle voit la magie de l’adolescent qui se dandine, mis mal à l’aise par son regard scrutateur. Effectivement, contrairement à la sienne qui prend la forme d’une puissante lumière claire, la sienne ressemble plus à une légère lueur, signe d’une faible puissance. Pourtant, Héloïse reste quelques secondes fascinée par les nuances que sa magie possède.

Curieuse et un peu inquiète par son manque d’enthousiasme, elle poursuit avec timidité. « Tu n’as rien ressenti ? »

Il reste un instant silencieux avant de répondre dans un murmure. « Si. Dès que vous êtes apparue en haut de cet escalier mais je… »

« Tu peux m’aider à maîtriser ma puissance. J’ai besoin de toi.» Il la regarde un moment avant d’observer sa main. Des bruits de pas annoncent la venue de ses parents et des propriétaires de la maison.

Monsieur Dregis interpelle son neveu. « Erwan, qu’est-ce qui se passe ? Tu devrais être à la bibliothèque pour travailler. Sans efforts tu n’arriveras à rien et... »

Héloïse coupe son hôte sans douceur. « Il est mon Dimidiam, pourquoi n’avez-vous pas parlé de lui ? Il est stabilisé aussi, non ?

— Les Sages ont longuement hésité à lui donner la qualification de sorcier. Entre nous, pour une sorcière de votre trempe, je ne…

— Ce que vous pensez m’importe peu, ce qui compte c’est ce que je ressens et toute ma magie me hurle qu’il est celui que je recherche. »

Face à tant de détermination, Erwan se permet un sourire. Avec douceur, il pose sa main sur la sienne visiblement soulagé par son initiative. Héloïse est électrisée par le contact, comme si elle devenait réellement entière pour la première fois de sa vie. Sous les regards surpris des adultes et d’Arthur qui n’osent dire un mot, ils prononcent « Dimidiam » en concert et un fil de lumière rouge sort de leur poitrine pour se nouer avant de s’enrouler autour de leur poignet.

Héloïse sent une joie immense l’envahir et les larmes lui piquer les yeux. C’est la première fois qu’elle ressent un tel état de plénitude. Erwan, moins dans la retenue, laisse les larmes lui couler sur les joues. Sans qu’ils aient besoin de parler, Héloïse sait qu’une peur immense vient de le quitter. Ils se sont enfin trouvés et rien d’autre que la mort ne pourra les séparer.

  
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