Aujourd'hui 15 mars, mon fils aîné fête ses 13 ans. C'est aussi l'anniversaire du lieutenant Cidryn Carsen (vous savez, cette jolie brune un peu coincée...) ^^ Alors voici un petit bout de quelque chose pour fêter l'évènement.

Conversation tardive

Même si l'été était bien avancé sur Lumen, il faisait légèrement froid ce soir là... Un souffle d'air hivernal qui rappelait que sur Terre, ce n'était pas encore le printemps. Sur la terrasse de la grande villa familiale, Cid resserra légèrement les bras autour de ses jambes repliées et leva les yeux vers le ciel semé d'étoiles de Lumen. Elle n'avait jamais passé plus de quelques jours sur la planète de naissance de l'humanité et cependant, elle sentait parfois ces lignes invisibles qui semblaient relier tous les hommes à leur monde d'origine.

Sans même se retourner, elle perçut la présence bienveillante qui se glissa à côté d'elle.

« Nils... ? »

Le rire léger de son frère lui répondit, aussi lumineux que les étoiles.

« Comment sais-tu que c'est moi ?

- Parce que tu es le seul à venir me retrouver en silence. Les autres m'appellent pour que je rentre. »

Elle se tourna vers lui, rencontrant le regard amusé de ses yeux clairs :

« Et parce que tu es le seul qui aime autant regarder les étoiles que moi... »

Il se laissa tomber à côté d'elle et laissa échapper un soupir :

« Quand nous étions petits, Fader nous emmenait les voir depuis le toit de la maison. »

Cid secoua la tête : elle ne s'en souvenait pas... Même Nils, de deux ans son aîné, s'en rappelait à peine. Un silence attristé s'installa entre le frère et la sœur.

Le dîner d'anniversaire en famille s'était plutôt bien déroulé, compte tenu de la situation, mais c’était une occasion formelle où chacun jouait un rôle bien défini. Cid aurait préféré une célébration moins préparée, moins solennelle, avec peut-être quelques amis... Mais la jeune fille avait du mal à nouer des relations intimes avec les gens de son âge. Soit ils lui semblaient trop superficiels, soit la position de son père les intimidait. Elle se demanda si, un jour, elle connaîtrait la chaleur d'un groupe soudé.

« Alors, ça fait quoi d'avoir dix-huit ans ? demanda Nils brusquement.

- Je ne me sens pas plus avancée qu'hier, répondit-elle avec résignation. Ce n'est pas que je pensais que cela changerait quelque chose, mais... »

Elle haussa les épaules.

« Je vois... répondit Nils avec douceur. Au fait, je ne t'ai pas donné tous tes cadeaux », ajouta-t-il brusquement.

Il lui tendit un petit paquet rectangulaire enveloppé d'un papier holographie qui semblait refléter le ciel étoilé autour d'eux. Elle leva vers lui un regard surpris :

« Nils, je... »

Il se contenta de lui sourire gentiment.

« Va-z-y, ouvre ! »

Elle prit une grande inspiration, hocha la tête et déplia avec précautions le beau papier. Elle fronça les sourcils en voyant apparaître le petit quadrilatère translucide d'un ouvrage intermedia. Quand elle pressa le bouton de fonctionnement, l'image d'une nébuleuse lointaine vint danser entre eux. Le titre s'enflamma soudain : Repousser les frontières. Elle ne put s'empêcher de rire avant de lever les yeux au ciel.

« Ça ne te plaît pas ?

- Oui, enfin... »

Il haussa un sourcil. Cid le considéra avec un mélange de tendresse et d'exaspération :

« Ce n'est pas que ça ne me plaît pas, Nils. C'est juste que l'exploration spatiale, c'est ta passion, pas la mienne.

- Je sais, répondit-il sereinement.

- Alors, pourquoi ?

- Tu as un rêve, toi ? »

Elle le regarda, abasourdie :

« Eh bien...

- Eh bien ?

- Pas vraiment. Je veux juste... »

Elle baissa les yeux vers les images qui tournoyaient entre eux, dans l'air transparent de la nuit, en cherchant la façon la plus simple de formuler ce qu'elle ressentait :

« Disons que je veux servir ce monde, comme notre famille l'a toujours fait, mais... je ne veux pas me retrouvée rangée dans une case déjà formatée. Je veux trouver une place bien à moi... »

Elle secoua la tête, faisant voler ses mèches brunes :

« C'est un peu idiot, tu ne trouve pas ? »

Il passa un bras autour de ses épaules :

« Dis-toi qu'il y plus d'une manière de repousser les frontières. »

Elle reporta son regard sur le titre flamboyant. Nils avait raison, il y avait bien des frontières différentes : celles de l'univers connu, celles de l'imagination et de l'audace des hommes... mais aussi celles que l'on s'imposait, celles entre lesquelles on se laissait enfermer.

Repousser les frontières.

Elle sourit plus largement et referma l'ouvrage, gardant le petit bloc mémoire délicatement enfermé entre ses mains.

« Merci, Nils ! »

Il lui rendit son sourire.

De concert, leurs deux regards si semblables se levèrent vers le ciel.