En attendant une publication plus sérieuse, voici un petit drabble écrit dans le cadre des défis du forum. Berry et Rag, parce que quand ces deux là sont ensemble, ce n'est que du bonheur !

Pour ceux qui ne connaîtraient pas les personnages : le sergent Ramon Guttirez, alias Rag, est un genhum, un être humain génétique altéré, et plus particulièrement un gencon, un humain "génétiquement construit" de "modèle" Archange. Même si la création de genhum est interdite depuis vingt ans et qu'ils disposent en théorie de droits civiques complets, il peinent à s'intégrer et sont encore parfois discriminés. Bérénice Férier alias Berry, sa collègue et amie, est une comptech, une technicienne en informatique équipé d'une interface cybernétique humain/machine.


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Berry passa une main dans son cou, essayant de soulager la tension qui montait lentement mais sûrement en elle. Tôt ou tard, le haut de la jauge serait atteinte et elle prendrait ses jambes à son cou. A chaque fois, elle se laissait piéger : elle se retrouvait traînée dans un lieu où elle n'aurait jamais mis les pieds d'elle même.

« C'est décidé, à partir de maintenant, tu iras tout seul à tes expositions bizarres ! », grommela la mince comptech à l'attention de son meilleur ami, dont les yeux d'or s'abîmaient dans le contenu des casiers de verre organique alignés contre la paroi blanche.

« Tu n'aimes pas la civilisation du vingtième siècle ? demanda-t-il en tournant vers elle un regard surpris et innocent.

- Si encore c'était la section « technologie et informatique »... Ça me parlerait ! Mais ça ! »

Elle désigna l'« oeuvre d'art » la plus proche, une masse bizarre barbouillé d'un gris sombre violacé, maquillée de tâches écarlates :

« Cœur colombin et premier sang... mais ça ne veut rien dire du tout !

- Tu sais, Berry, c'est une époque où l'on tentait de déstructurer la notion même de l'art, où l'on remettait en cause le concept d'esthét... »

Elle le coupa d'un geste :

« Non, je ne suis pas prête pour ça ! La prochaine fois, Rag, tu te passeras de moi ! »

Le grand blond baissa la tête avec une expression embarrassée :

« C'est plus agréable avec de la compagnie... »

Elle sentit sa nervosité retomber : elle était parfaitement consciente de l'insécurité psychologique que ressentait bien souvent le jeune homme dans les espaces publics : les gens avaient vite fait de repérer sa nature de genhum et de le contempler comme une bête curieuse. Elle s'en voulut de l'avoir oublié.

Pour dissimuler sa gêne, elle s'avança vers la vitrine suivante, qui exposait une série de poupées en plastique qui n'avaient rien d’enfantin, disposées comme si elle s'adonnaient à … des activités entre adultes consentants. Le guide interactif intégré aux lunettes virtuelles remises en début de visite s'activa :

« Le Futur de l'Humanité. Composition de Markus Archberweichler, à partir de poupées Barbie et Ken (TM) »

Elle se pencha pour mieux regarder : ces poupées blondes au corps idéalisé suscitaient un goût amer dans sa bouche. D'une certaine manière, elles ressemblaient trop aux créations génétiques auxquelles l'humanité de son siècle s'étaient livrées, au mépris de toute éthique. Elle se redressa et regarda autour d'elle ; elle avisa un grand mobile de métal, dont le côté stylisé n'était pas désagréable.

« Oh, tiens, regarde là bas ! fit-elle en attrapant le bras de Rag. Ça, ça me plaît bien, tu vois !

Attrapant par le bras un Rag ravi de son enthousiasme soudain, elle l'entraîna loin des poupées de plastiques qui s'ébattaient dans la cage de verre organique et d'une vision de l’avenir aux échos trop réalistes. Après tout, elle avait bien fait de venir avec lui.