D’accord, je veux bien croire que c’est une erreur très largement répandue. Je veux parler, bien sûr, de celle qui nous fait penser que parce que nous avons déjà rédigé une histoire, ou de grandes parties de cette histoire, il nous sera plus facile de la reprendre pour la transformer en websérie.

Il y a, bien sûr, des avantages : un synopsis tout trouvé, des personnages dotés d’une personnalité affirmée, un univers largement décrit… Mais aussi pas mal d’inconvénients.

Le plus important est lié à la réécriture. Il est déjà rare que l’on soit totalement satisfait d’un texte récent. Mais si ce texte remonte à plusieurs années… la nécessité de reprendre, corriger, trancher, modifier atteint un niveau compulsif. Surtout dans mon cas. L’évolution majeure de mon style ces dix dernières années consiste essentiellement à l’acquisition d’une narration plus dynamique. Jadis, je ne pouvais m’empêcher de m’étaler et de tenter de tout expliquer et préciser à mon lecteur, ad nauseam.

Cependant, la version ancienne du texte reste mon enfant et si je dois, afin de ne garder que l’essentiel, sacrifier des scènes, des personnages, des éléments de l’univers, c’est un véritable crève-cœur, une douloureuse mais nécessaire opération pratiquée dans le sang et les larmes.

Cet épisode a été exemplaire du phénomène : j’ai commencé par retravailler certains passages, pour ensuite les supprimer. D’autres ont été réécrits, voire créés intégralement. J’ai passé parfois une heure entière sur un paragraphe, en me demandant quelle serait la réaction la plus logique du personnage et, surtout, comment la faire passer sans m’étaler pendant quinze pages sur ses états d’âme. Certaines scènes se sont trouvées rejetée à l’épisode suivant (tant pis pour la petite scène romantique qui ouvrira donc le bal dans l’épisode 3).

« En terre étrangère » devra être écrit à 95 voire 95%. Certains des personnages sont tout juste été ébauchés, d’autres ne sont que des noms, d’autre encore ne sont même pas encore cela… juste de vagues notions. Et je vous avouerai que pour l’essentiel, je n’ai qu’une vague idée de ce qui s’y passera. Un défit, mais peut-être, dans le fond, pas tellement pire que celui qu’a représenté « un écho impromptu » !