La question du mois de février (même si je ne suis pas très en avance pour y répondre) portait sur la question suivante :
Quelle est la place de la nourriture et la boisson dans vos fictions ?

On ne peut pas vraiment dire que la nourriture ou la boisson constituent des éléments primordiaux dans mes univers, mais quand je dois en parler, j'essaye de le faire avec un certain soin et surtout du réalisme. J'aime que les plats mentionnés soient cohérents avec l'univers et les moyens des personnages, et qu'ils les apprécient en fonction de leurs goûts mais aussi de leurs expériences culinaires passées. Je me suis bien amusée à créer une "cuisine" locale pour les Marches dardaniennes, telle qu'elle est servie à une réception formelle au consulat : des pièces de bovidé mijotées des heures durant dans une sauce aux épices, l'utilisation à outrance de graines âpres et poivrées, des poissons venus du fleuve local et du gibier des plaines... pas du grand art culinaire, mais un élément d'ambiance correspondant au lieu et au contexte. Tandis que dans une auberge que nous découvrirons plus tard, on sert pour accompagner des alcools plutôt forts "une spécialité de viande de cerf fumé et de pain aux épices", plus rustique et chaleureuse.

Ce qui n'empêche pas Haudran de regretter la nourriture surprenante et exotique des comptoirs, qu'il a goûté pendant la guerre (il faut un peu imaginer un Anglais ayant découvert - et apprécié - la nourriture chinoise ou indienne pour se faire une idée ;)) Ces années passées "outre-mer" ont sans doute eu une influence sur l'ordinaire du Ferragon, qui bénéficie d'un excellent coq aux origines cosmopolites. Les petits trafics évoqués ça et là, auxquels Calleden et Gururian participent avec enthousiasme, visent entre autres à assurer cet ordinaire largement plus fameux que dans la Marine aérienne en général.

Je suis peut être souvent plus explicite sur les boissons que sur la nourriture : Tramonde regorge d'alcools fins : marden, maudran, arkvit, lampen... D'autres récits vont mettre une certaine emphase sur l'équivalent local du café ou du thé... Sans doute en raison des aspects sociaux qui y sont liées. Il faut reconnaître que mes Tramondiens - et assimilés - ont souvent un verre à la main ;). Si Haudran a un seul défaut notable (en plus d'un léger entêtement sur certains points), c'est peut-être justement son affection un peu trop appuyée pour ces alcools forts, que n'a de cesse de lui reprocher Laurn Geroy, le médecin du bord - quand bien même l'alcool n'a pas de prise sur lui (non, ce n'est pas vraiment un élément GaruStuesque, il y a une explication logique...)

Finalement, à travers ces exemples, je pense qu'il est possible de bien cerner la questions : nourriture et boissons sont à la fois des éléments de décor et d'ambiance, ou plus rarement des détails scénaristiques mineurs. Elles n'ont pas plus d'importance que l'architecture ou les paysages, ou le temps qu'il fait, mais de la même manière, je n'imaginerais pas de les laisser de côté...