La question du mois nous propose d’envoyer nos chers personnages s’offrir quelques vacances… ou, du moins, de profiter de la vie, sans obligation, en liberté totale. Je me limiterai aux « narrateurs » centraux pour éviter une très longue liste de personnages !

Commençons par Henri ! Nous savons que cher journaliste et agent du bureau des Affaires hermétique peut se montrer un peu… hyperactif. Malgré tout, les affaires dont il s’occupe peuvent parfois l’affecter, physiquement et moralement, et quand c’est le cas, ses proches se sentent obligés de tirer le signal d’alarme. Qu’il s’agisse de son frère aîné Leo, de sa fille Angelia ou de son meilleur ami, le comte Alexandre d’Harmont, chacun d’entre eux sait se montrer persuasif à sa manière. Même ses supérieurs, le capitaine Borée, chargé du bureau des Affaires hermétiques et le rédacteur en chef du Mercure parisien, Eusèbe Grangier, le poussent à prendre du recul. Grangier lui fera sans doute parvenir des billets pour le tout nouveau concept de croisière en méditerranée qui se développe dans ces années 1900, en lui demandant un article sur le sujet à son retour. À bord d’un bateau, Henri sera obligé de ralentir l’allure. Cette « croisière » l’emmènera à travers la méditerranée, en le berçant d’une douce mélancolie face à ces paysages si familiers. Peut-être même, la fois d’après, le fera-t-il spontanément !

Le docteur Bayler méprise souverainement la notion de vacances. Certes, il peut le concevoir pour des travailleurs manuels, mais la science n’est pas un métier dont on s’évade. C’est une vocation, presque un sacerdoce. Le plus proche qu’il pourrait concevoir serait de partir visiter une bibliothèque célèbre pour se pencher sur les écrits d’un scientifique renommé, ou assister à des conférences à travers le monde. Malgré tout, cela le détournerait de ses chers travaux et il faudrait qu’il ait une raison bien établie !

Emilia adopte en apparence de point de vue de son mentor, mais en réalité, elle rêve parfois de fuir son travail et la pression émotionnelle qu’il lui impose. Même si elle ne l’admettra pas, elle reste nostalgique des voyages avec son père à travers l’Empire britannique. Beaucoup de paysages demeurent dans sa mémoire comme des dessins à peine esquissés et elle souhaiterait leur rendre un peu de netteté. L’inde constituerait sans doute un choix intéressant pour un voyage d’agrément, mais une telle équipée nécessite disponibilité dont elle ne dispose guère… Aussi se contenterait-elle d’un séjour à Brighton ou Southampton pour profiter de l’air de la mer.

Enfin, le major Forsythe serait plus que ravi d’emmener sa famille loin de ce rocher maudit battu par les flots dont il a la responsabilité. Pouvoir profiter d’une vie de famille normale dans un lieu calme, de préférence la campagne anglaise, riante et verdoyante, lui ferait un bien considérable. Il pourrait faire de longues balades à travers champs pour se revigorer, ou de simples promenades avec Maggie et leur petite fille, sans se préoccuper de l’équilibre précaire qu’il s’épuise à conserver sur l’Île des Morts. Cela me fait pitié de ne pas pouvoir lui offrir ce luxe…

Et vous ? Vous préfèreriez quoi ? 

Beatrice Aubeterre   mercredi 29 juillet 2020 à 01h5729.07.2020 à 01h57   6