Je n'ai jamais fait mystère de mes travers d'écriture : j'ai toujours du mal à trouver des points d'accroche avec les personnages féminins et je me sens souvent plus à l'aise avec les personnages masculins, sans pouvoir totalement me l'expliquer. Je pense qu'il y a des raisons personnelles (j'ai grandi dans un univers principalement féminin qui m'a à la fois étouffée et poussée sur le côté, et du coup ma référence idéalisée a été plutôt mon père) ainsi que psychologique (pour faire court, mon fonctionnement cérébral me rapproche plus des schémas considérés comme "masculins").

Du coup, les personnages masculins coulent naturellement de ma plume, sans que j'aie à me demander : "Et là, comment réagirait un garçon ?" ; je n'ai besoin d'extrapoler un peu que quand il s'agit d’attirance sexuelle (mais ce n'est pas forcément le plus important dans le récit !) Ce sont plutôt les femmes qui sont pour moi un terrain étranger, mais c'est une chance en un sens : je n'ai quasiment aucun point d'identification avec elles, ce qui m'oblige à être créative !

Dans le Premier Cercle, le monde s'inspire très fortement de notre terre au début du XIXe siècle. La place des femmes y est globalement subalterne - elles sont peu présentes, et seulement en périphérie, dans ce monde très militaire. Je sais que ça peut être gênant pour certains lecteurs, et j'avoue que ça l’aurait été pour moi voilà 10 ou 15 ans... :P Mais ça ne veut pas dire qu'elles ne sont pas importante dans le schéma général des choses...

Dans Paradis XXIV, c'est assez égalitaire. Dans les milieux policiers et militaires, il y a une prédominance masculine, mais parce que pense que c'est logique que les hommes soient plus attirés par ce genre de carrière. Du coup, ça m'est plus facile de choisir le sexe de mes personnages un peu par le jeu du hasard. Les personnages masculins et féminins ont d'autres origines, d'autres particularités qui tendent plus à les définir que leur sexe. Néanmoins, la relation homme/femme garde beaucoup de ses caractéristiques classiques, même si les personnages craignent parfois d’enfreindre le politiquement correct omniprésent !

Dans les Trois Empire, le monde possède une base très XIXe siècle, les hommes tiennent la plupart des postes à responsabilité, mais les femmes ont accès dans une certaine mesure à des univers traditionnellement masculins (armée, technique...) car ce monde en crise ne peut se passer de leurs compétences...

Mais le monde de Sublimation n'est que légèrement uchronique et par conséquent, un personnage comme Emilia prend tout son sens, avec cette volonté d'être forte et de maîtriser son destin dans une société où la position de la femme n'est pas forcément évidente. Elle n'en est pas pour autant une icône féministe : elle se préoccupe essentiellement de sa propre destinée. Je pense que la médecine, la science et marginalement une certaine forme de justice sociale la préoccupent plus que la position de la femme. Et de plus, un détail personnel, vaguement sous-entendu mais jamais ouvertement révélé, la place à ses yeux dans une position particulière - du moins à ses propres yeux.

Pour l'instant, mon Emilia semble rester crédible et j'en suis bien contente ! J'espère qu'elle saura rester fidèle à elle-même, même quand un certain autre personnage secouera un peu ses principes ! ;)